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samedi 13 août 2022

Quand le KVB clignote en roulant, regarde les champs

Qu'est-ce que veut bien signifier ce titre d'article et bien, je vais tenter de vous raconter.

Une anomalie connue sur TGV a lieu quelques fois en roulant avec une unité multiple de TGV. Il arrive que le bouton-poussoir lumineux de validation (BP-VAL) du KVB se mette à clignoter quelques secondes alors qu'il devrait être éteint.

Ce bouton-poussoir a la possibilité de clignoter dans certains cas et à l'arrêt. Il s'éteint sur une grande partie du matériel dit "spécialisé" sans que l'on ait besoin de valider par un appui lors d'une remise en service du poste de conduite par exemple.

Le TGV est un élément automoteur électrique dont seule la longueur peut varier en unité multiple, ce qui ne nécessite aucun paramétrage du KVB par le conducteur. D'ailleurs le panneau de données est inexistant. La prise en compte de la catégorie du train, de la longueur et du coefficient de freinage est effectuée automatiquement par le dispositif embarqué de sécurité même en cas d'unité multiple.

Mais qu'est-ce que c'est un KVB ?

Le KVB (Contrôle de vitesse par balise) est un système de contrôle de la vitesse et de la décélération afin d'éviter une survitesse ou l'engagement d'un point protégé par de la tête du train. Je vous invite à lire l'article disponible sur le blog pour plus de précisions.

Les caractéristiques de la circulation sont fournis au système avec l'aide d'un panneau de données et les données sont paramétrées par le conducteur. Les caractéristiques sont transmises automatiquement au système embarqué si le panneau de données est absent.

Panneau de données du KVB

L'aparté est terminé sur le KVB, revenons à nos moutons !

Une note technique interne a été rédigée afin de proposer une démarche en cas d'anomalie et une explication des causes probables de cette anomalie. Il est demandé de ne pas intervenir sur le bouton-poussoir lumineux, d'où la phrase du titre, regarde les champs. Cette anomalie de clignotement a lieu en unité multiple et dans les courbes ou aiguillages puisque les causes proviendraient des contacts du coupleur électrique.

J'ai déjà eu à plusieurs reprises cette anomalie, en unité multiple et toujours en TGV Atlantique.

Mais une seule fois pour le moment et à ma grande surprise, le clignotement a eu lieu avec un TGV Dasye en unité simple. J'ai pu filmer le clignotement qui est en général fugitif, mais dans ce cas s'est répété à de nombreuses reprises sur mon parcours. J'ai appliqué les directives en regardant les champs 😀, mais je suis resté sans réponse, car le coupleur électrique est fermé et protégé en unité simple. Aurais-je eu un problème d'humidité au niveau des contacts électriques ?

Vidéo du clignotement du BP-VAL du KVB

Fidèle à mon principe de base, la sécurité des circulations n'est pas engagée, un train, il faut que ça roule !

Le temps du questionnement se fera plus tard.

jeudi 9 septembre 2021

Aide à la préparation de l'étude de ligne Paris-Montparnasse à Bordeaux en vidéo

Après avoir mis les vidéos en ligne de la partie Bordeaux à Paris-Montparnasse, voici la suite dans le sens Paris-Montparnasse à Bordeaux par la LN2 et SEA.

Le but de ces vidéos est de proposer une aide à la préparation à l'étude de ligne entre Paris-Montparnasse et Bordeaux aux conducteurs de train. Je me suis concentré sur les entrées et sorties des raccordements, desserte voyageurs, points remarquables de la LGV Atlantique (LN2) et SEA. Les vidéos sont découpées par section afin de rendre la visualisation plus simple et rapide.

Les vidéos sont filmées en situation normale et en cabine de conduite TGV.

Un point d'exclamation jaune précède une information importante durant le visionnage.

Aperçu de l'aide à la préparation de l'étude de ligne

Les vidéos sont disponibles dans le fichier PDF protégé par un mot de passe afin de limiter sa diffusion. Vous obtiendrez les vidéos en cliquant sur les liens verts du fichier PDF.

Aperçu du fichier PDF

Le mot de passe en minuscule est l'abréviation SNCF de Dirigeant Proximité.

Fichier PDF protégé par un mot de passe


Bonne découverte.



samedi 3 juillet 2021

Les nouvelles étraves TGV sont en phase de test

Les étraves de TGV sont des pièces très vulnérables en cas de choc avant avec par exemple des animaux sauvages. Il est fréquent dans sa carrière de conducteur de heurter des animaux comme des chevreuils ou sangliers. Par expérience, ce n'est pas l'intensité du choc, mais la manière dont est heurté l'animal qui crée des dégâts sur l'étrave ou qui expulse l'étrave sous la rame avec le risque d'endommager des éléments des voitures voyageurs.

A] MOTIVATIONS DES TESTS

Les chevreuils et sangliers connaissent une augmentation impressionnante de leurs populations en France. Le nombre de chevreuils a augmenté de 1148 % et le nombre de sangliers a augmenté de 2106 % entre 1973 et 2017. Tous les ans, la fréquence des heurts augmente fortement les trois derniers mois de l'année et 28 000 minutes ont été perdues en novembre 2017 sur le réseau ferré français.

Il y a eu une vingtaine de heurts par an avec des chevreuils ou sangliers entre 2015 et 2020 sur la ligne nouvelle Paris - Lyon (LN1) malgré les dispositifs de protection mis en œuvre sur la LGV. En 2001, 71 heurts de chevreuils ou sangliers ont eu lieu sur la LN1, ce fut le pic sur cette ligne nouvelle depuis son ouverture.

Anecdote : Il m'est arrivé de heurter une perdrix sans bruit particulier à 160 km/h. Le petit choc engendré par la perdrix avait fait sauter deux épingles !

Gros plan sur les grenouillères et épingles

Une étude a lieu au sein de la SNCF depuis plus de deux ans afin d'améliorer la solidité et l'aérodynamisme de l'étrave. Ce projet est nommé Carénage Optimisé pour les Chocs et l'Aérodynamisme - COCA. Le 15 avril 2021, le Technicentre Atlantique débutait la mise en place de la nouvelle étrave sur trois rames TGV 2N2 à titre expérimental.

Ancienne étrave

Nouvelle étrave en test - Rame 878, TGV 2N2

Nouvelle étrave en test  - Rame 878, TGV 2N2

Les quatre vis démontables par le conducteur, les nouveaux matériaux composites et la nouvelle inclinaison de l'étrave ont pour but de diminuer le nombre de ruptures lors des chocs en déviant l'animal. La nouvelle forme améliore aussi la pénétration dans l'air qui permettra des économies sur la consommation d'énergie électrique puisque dorénavant, le champ de pression a lieu essentiellement sur la face avant des trappes d'attelage.

B] CONCLUSION

La diminution des ruptures d'étraves permettra aussi une diminution de l'immobilisation des rames, du remplacement ou de la réparation d'étraves. Le Technicentre SNCF Rouen Quatre-Mares effectue des réparations composites d'étraves de TGV.

Les économies ont été estimées par la SNCF à 640 000 euros par an.

lundi 7 juin 2021

Voici une nouvelle séquence d'arrêt en ETCS 2 et ERTMS avec sectionnement automatique

J'ai filmé la rentrée d'un TGV sur LGV SEA qui affiche une séquence d'arrêt sur mon DMI (écran) en TGV 2N2 et ERTMS - ETCS 2.

L'avantage de l'ETCS 2 est de visualiser la courbe de freinage et la distance avant l'arrêt au repère ETCS. Il faut savoir qu'un repère ETCS a toujours une vitesse d'approche qui est généralement de 25 km/h ou parfois 20 km/h sur la LGV SEA. La vitesse d'approche permet d'arriver sur le repère ETCS en toute sécurité et aussi permet de ne pas engager le point protégé par le repère ETCS.

Vous pouvez remarquer que les indications de vitesse changent de couleurs sur le DMI pendant le ralentissement. De blanc, la couleur passe au jaune. Cela signifie que l'écart de vitesse est inférieur à 10 km/h entre la vitesse réelle et la vitesse autorisée.

Un sectionnement automatique ou coupez-courant apparait pendant la phase de décélération, appuyé par le S_info ainsi qu'une légère dégradation de l'adhérence roue-rail à cause de la pluie. Cette mauvaise adhérence s'entend en cabine de conduite, tendez l'oreille 😊.

Ensuite, une nouvelle MA apparait puisque le TGV commence à dégager la partie voie qui se situe en aval de mon train.

Vidéo de la séquence d'arrêt en ERTMS - ETCS 2

Bon voyage.

lundi 5 avril 2021

Aide à la préparation de l'étude de ligne Bordeaux à Paris-Montparnasse en vidéo

(article mis à jour le 23.06.2021)

C'est un domaine, la vidéo, que je n'avais pas encore expérimenté pour le blog. J'ai tâtonné plusieurs mois à cause des différents facteurs liés à la météo, aux vibrations, à la netteté, à la légendaire propreté des vitres frontales, etc.

Le but de ces vidéos est de proposer une aide à la préparation à l'étude de ligne entre Bordeaux et Paris-Montparnasse aux conducteurs de trains. Je me suis concentré sur les entrées et sorties des raccordements, desserte voyageurs, points remarquables de la LGV SEA et LGV Atlantique (LN2). Les vidéos sont découpées par section afin de rendre la visualisation plus simple et rapide.

Les vidéos sont filmées en situation normale et en cabine de conduite TGV.

Un point d'exclamation jaune précède une information importante durant le visionnage.

Aperçu de l'aide à la préparation de l'étude de ligne

Les vidéos sont disponibles dans le fichier PDF protégé par un mot de passe afin de limiter sa diffusion. Vous obtiendrez les vidéos en cliquant sur les liens verts du fichier PDF.

Aperçu du fichier PDF


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Bonne découverte.


jeudi 4 mars 2021

Découvrez la vidéo d'une séquence d'arrêt TGV sur LGV SEA en ERTMS - ETCS 2

(article modifié le 24.03.2021)

J'ai profité d'une situation de conduite peu courante pour enregistrer cette vidéo de 5 minutes sur LGV SEA.

Vous visionnerez une séquence d'arrêt en ERTMS - ETCS 2 au DMI d'un TGV Duplex E afin de laisser rentrer un autre TGV sur la LGV SEA. Cette situation est intéressante parce qu'elle montre un piège à éviter en ERTMS - ETCS 2.

Afin de comprendre, je vais la comparer à une situation en TVM 300 ou TVM 430. Imaginez vous arrêter devant un repère TVM - Nf sans feu de franchissement allumé avec du rouge cabine (RRR). L'information 000 apparait au cab-signal avec son bip d'attention. Le risque est de se remettre en mouvement du fait du changement d'information, mais qui impose toujours l'arrêt devant le repère TVM - Nf sans le feu de franchissement allumé.

Cette séquence ERTMS - ETCS 2 peut provoquer la même réaction qu'en TVM. Le changement d'information EOA + mode FS + Vitesse d'Approche 025 vers EOA + Mode OS + Vitesse d'Approche 025 avec le S_Info peut donner l'envie de franchir le repère ETCS alors que l'EOA ne le permet pas dans cette situation.

L'allumage du feu de franchissement qui ne nous concerne pas en ERTMS - ETCS 2 peut conforter cette décision de mise en mouvement et franchir le repère ETCS !

Afin de rassurer les voyageurs, les automatismes empêcheront un risque ferroviaire, mais les conséquences sur la carrière du conducteur de train peuvent être importantes.

Ensuite, vous visualiserez l'affichage du crochet gris 30 km/h en mode OS qui permet une mise en mouvement de la circulation et de franchir le repère ETCS pour lire le Point Information Signal puisque le Mode OS est toujours maintenu jusqu'à l'extrémité du canton.

EOA : End Of Authority - Fin d'autorisation de mouvement.

Vidéo de 5 minutes en ERTMS - ETCS2 sur LGV SEA

Bon visionnage !


lundi 14 décembre 2020

Le Détecteur Infrarouge de Présence Pantographe (DIPP), quésaco ?

Je souhaite vous faire découvrir ce système ferroviaire méconnu appelé DIPP (Détecteur Infrarouge de Présence Pantographe) que je qualifie de boite à gifles ou boite à apprendre. Lorsque j'apprends qu'un conducteur de train s'est fait détecter par le DIPP, immédiatement, je pense à la machine à apprendre du film Les Sous-Doués.

Ne me demandez pas pourquoi parce que je ne le sais pas moi-même !

Extrait du film Les Sous-Doués

1] QU'EST-CE QUE LE DIPP ?

Le DIPP est un système infrarouge qui permet de détecter le passage du pantographe encore en contact sur le fil de contact alors qu'il devrait être descendu pour franchir la section de séparation de tension.

Le but de ce système est de protéger la section de séparation de tension en commandant automatiquement la mise hors tension de la caténaire ainsi que préserver les installations fixes et le matériel roulant.


2] QU'EST-CE QU'UNE SECTION DE SÉPARATION DE TENSION ET UN PANTOGRAPHE ?

2A] Les sections de séparations de tension sont utilisées pour séparer deux systèmes d'électrification différents en tension (ex. 1500 V CC vers 25 kV CA). Il est impératif pour le conducteur de train de franchir cette section avec le pantographe baissé afin d'éviter que le pantographe génère des dégâts sur l'installation et sur le matériel roulant.

Les sections de séparation de tension se franchissent pantographe(s) baissé(s) et sur l'erre entre le signal d’exécution et le signal fin de parcours. Le signal d'exécution est annoncé par un signal à distance. Il faut un minimum de vitesse pour franchir la section de séparation de tension puisque le risque est de rester "planter dessous" sans possibilité de remonter le pantographe. Heureusement, ils existent des tours de main en fonction du matériel roulant pour évacuer la section de séparation de tension. Mais parfois, le matériel roulant ou d'autres circonstances ne permettent pas d'évacuer la zone alors le Régulateur Sous Station (RSS) est le dernier espoir. 

Certaines sections de séparation de tension peuvent être réalimentées à distance en "mode" secours par le RSS afin d'autoriser la remontée du pantographe pour évacuer la zone. Le conducteur de train déclenche une procédure "demande de secours" si la réalimentation est impossible par le RSS.

En général, les conducteurs de trains n'aiment pas ces zones puisqu'ils estiment qu'elles sont très souvent mal positionnées (signaux mal implantés, profil de ligne compliqué, etc.).

Section de séparation de tension 1,5 kV CC / 25 kV CA

2B] Le pantographe a pour rôle de capter à l'arrêt ou en mouvement le courant sur le fil de contact de la caténaire. Ce captage par un ou plusieurs pantographes permet l'alimentation électrique des moteurs et d'autres organes d'un matériel roulant.

Pantographes 1500 volts en contact avec le fil de contact

3] INSTALLATION ET FONCTIONNEMENT

Le DIPP est composé d’un émetteur infrarouge, d’un récepteur infrarouge placé côté piste et côté entrevoie de la voie concernée et d'un coffret de raccordement. Généralement, le récepteur est installé du côté le plus facilement accessible par les agents de maintenance. Le faisceau infrarouge généré par l’émetteur est perpendiculaire à la voie concernée puis capté par le récepteur. Le faisceau se situe 5 à 10 centimètres sous le fil de contact. Il existe plusieurs générations de DIPP.

Lorsque ce faisceau infrarouge est coupé par un pantographe anormalement levé, qu'une circulation est détectée sur la zone et dans le sens concerné, une information est délivrée à l'appareillage DIPP qui commande la coupure de l'alimentation caténaire des deux côtés de la section de séparation de tension. Et c'est là que les ennuis commencent pour le responsable de la détection. Rappelez-vous de la machine à apprendre...

L'émetteur et le récepteur sont orientables verticalement et horizontalement par les agents de maintenance afin de régler le faisceau infrarouge. Un boitier d'alignement fixé sur le récepteur permet un réglage fin de l'alignement du faisceau infrarouge.

DIPP - Détecteur Infrarouge de Présence Pantographe

Le cumul du temps de réponse du DIPP en cas de coupure du faisceau infrarouge ainsi que de la coupure d'alimentation caténaire est inférieur à la demi-seconde. Le DIPP est capable de détecter le passage d'un pantographe à très grande vitesse jusqu'à 15 mètres de distance environ s'il n’existe pas de perturbation lumineuse.

L'implantation des émetteurs et récepteurs se fait en amont du premier isolateur de section en fonction des temps de réponse des systèmes et de la vitesse de la ligne.

4] CONCLUSION

Ce système fait partie des nombreuses boucles de sécurité du ferroviaire. Nous sommes nombreux à nous être fait quelques frayeurs lors du franchissement de ces sections de séparation de tension surtout à basse vitesse. Cela me rappelle mes débuts avec un train de fret bien lourd et une adhérence dégradée...

dimanche 27 septembre 2020

Des check-lists pour conducteurs TGV sont disponibles...

Je souhaite vous faire partager une idée intéressante d'un conducteur TGV que j'ai découvert par le bouche-à-oreille.

Ce conducteur de train a créé des check-lists numériques destinées aux TGV et elles sont utilisables avec la tablette professionnelle. Ses check-lists sont une aide à la préparation des différents types de TGV.

Je pense que ses check-lists devraient plaire avant tout aux nouveaux arrivants à la conduite des TGV, mais aussi à des conducteurs TGV plus chevronnés.

Check-List TGV
Check-List TGV

Les actions sont classées par thème comme dans le manuel de conduite pour une Préparation Courante (PC) et une Remise en Service (RS).

Je précise que les check-lists ne m'appartiennent pas, elles sont la propriété de l'auteur.

Des explications plus précises sont disponibles dans le fichier PDF protégé par un mot de passe afin de limiter sa diffusion.

Le mot de passe en minuscule est l'abréviation SNCF de dirigeant proximité.

Fichier PDF protégé par un mot de passe


Bonne découverte.


lundi 1 juin 2020

Quels sont les niveaux d'automatisme dans les transports sur rail ?

Les dirigeants d'entreprises ferroviaires en rêvent, les conducteurs sont majoritairement opposés à cette vision du ferroviaire mais, où en est cette technologie actuellement ?

1] Les niveaux d'automatisme dans les transports


Les niveaux d'automatismes, Grade Of Automation - GOA en anglais on été crées pour le métro et reportés sur les trains. Il existe cinq niveaux d'automatisation qui vont de GOA 0 à GOA 4 que l'on peut assimiler comme suit pour les trains :

  • GOA 0 correspond à un fonctionnement à vue avec conducteur comme le tramway en centre ville.
  • GOA 1 correspond à une conduite manuelle avec conducteur avec des systèmes de protection des circulations (KVB, circuit de voie, ETCS 1, ETCS 2, etc)
  • GOA 2 correspond à une exploitation des trains en semi-automatique. Le démarrage et l'arrêt du train sont automatisés mais le conducteur gère les portes, les urgences et conduit le train en cas de nécessité.
  • GOA 3 correspond à une exploitation sans conducteur. La gestion des portes et des urgences dans la rame sont effectuées par un préposé (train attendant).
  • GOA 4 correspond à un système totalement automatisé sans personnel à bord. Ce système est aussi appelé Unattended Train Operation - UTO.
Ils existent aussi des niveaux de protection bord-bord et bord-sol dans les niveaux d'automatisme :

  • Automatic Train Protection - ATP est un système avec des équipements pour la sécurité basique des circulations. Les systèmes évitent les collisions, les franchissements de signaux fermés et dépassements de vitesse en appliquant un freinage d'urgence. Une ligne équipée ATP correspond au moins à un GOA 1. 
  • Automatic Train Operation - ATO assure la conduite du train partielle ou complète sans l'aide du conducteur en fonctionnement normal. Le conducteur s'occupe de la fermeture des portes passagers et vérifie si la voie est libre de tout obstacle. Ce système correspond à un GOA 2. Les systèmes plus récents gèrent mieux les risques liés à la circulation d'un train. Dans ce cas, le conducteur ou le préposé au train est présent pour gérer les urgences bord ou les pannes. Ce système correspond à un GOA 3.
  • Automatic Train Control - ATC gére automatiquement la signalisation, son trajet, et sa regulation dans le trafic. Les systèmes ATO et ATC fonctionnent conjointement pour maintenir la circulation dans les tolérances horaires ainsi que la sécurité entre circulations. La combinaison des systèmes permet d'ajuster par exemple la puissance moteur afin de respecter les horaires dans les stations. Il n'y a pas de conducteur ou de préposé au train. Ce système correspond à un GOA 4.

2] Récapitulatif des automatismes et protections



La première ligne en GOA 2 a été inauguré à Londres (Victoria Line) en 1968. En France, la majorité des lignes du métro parisien sont en GOA 2, ainsi que le RER A. La mise en place de NexTEO dans la zone dense de Paris sera aussi du GOA 2.

La première ligne en GOA 4 - UTO a été inaugurée en 1981. La majorité des lignes en GOA 4 converties ou construites se situe en Asie. Les lignes 1 et 14 du métro de Paris ainsi que les Véhicules Automatiques Légers - VAL de Lille, Rennes et Toulouse sont équipés du Système GOA 4 - UTO.


MTR - South Island Line - Hong Kong


3] Quels sont les avantages de l'automatisation des transports ?


Les experts n'y trouvent que des avantages selon mes lectures diverses et variées sur le sujet.
  • Suppression des erreurs d'inattention du conducteur. Les erreurs n'affecteront plus l'image des sociétés de transports et éviteront des poursuites judiciaires.
  • Diminution des interventions de maintenance sur le réseau ferroviaire ainsi qu'une meilleure protection des agents d'entretien du réseau.
  • Meilleur régulation du trafic en ligne et en gare ainsi qu'une meilleur gestion de la consommation d'énergie. L'informatique n'attend pas les retardataires !
  • Amélioration du confort des passagers dans les accélérations et freinages de la circulation.
  • Intervention plus rapide en cas de panne ou urgence grâce à la transmission des données de la voie et de la circulation.
  • Réduction de la dépendance aux personnels de conduite ou autres permettant une adaptation du trafic plus rapidement.
  • Et le nerf de la guerre pour nos dirigeants, la réduction des coûts ainsi que l'absence de grève ou droit de retrait du personnel.

4] Conclusion


L'évolution du GOA 4 est assez rapide dans le monde puisque seulement 600 kilomètres de lignes étaient équipés du GOA 4 en 2011, alors qu'il est prévu 1800 kilomètres de GOA 4 dans le monde en 2025. L’Asie a un coup d'avance dans le domaine mais l'Europe aura rattrapé son retard en 2025.

L'automatisation des transports permet de transférer les responsabilités de l'humain vers des systèmes électroniques et informatiques complexes. Il faut croire que la technologie fait mieux qu'une personne. Je reste persuadé que c'est une erreur de tout transférer à des systèmes technologiques. À mon avis, la meilleure technologie est une combinaison et un équilibre entre l'homme et une assistance technologique.

Wait & See

dimanche 2 juin 2019

Le frein électromagnétique à patin, un frein complémentaire

A] GÉNÉRALITÉS


Le frein électromagnétique (FEM) est un dispositif complémentaire de freinage permettant d'obtenir des décélérations plus importantes en combinant le freinage exercé sur les roues et d'un freinage indépendant de l'adhérence roue-rail. Ce système permet au frein qui s'exerce sur les roues de conserver un bon coefficient d'adhérence roue-rail en limitant les enrayages. L’ensemble augmente la capacité de freinage de la circulation.

Le patin magnétique est fixé sous le châssis du bogie, dans l'empattement des roues et à une hauteur suffisante pour éviter des contacts inopinés avec le rail. Le patin magnétique agit sur le rail et équipe certains matériels automoteurs comme l'AGC, la Zter ou le TGV 2N2 3UA actif en Allemagne. Ce dispositif a aussi équipé les voitures grand confort.

Patin magnétique
Le dispositif de freinage électromagnétique descend un patin à l'aide des vérins proches du rail. L’effort de retenue est une combinaison entre un effort d’attraction magnétique obtenu en alimentant des électro-aimants ainsi qu'une pression verticale sur le rail. L'effort vertical varie en fonction de la puissance des électro-aimants. L'effort de retenue moyen peut atteindre 1000 daN selon certaines conditions.

La matière des patins est de la fonte graphique sphéroïdale. Le temps de mise en oeuvre du frein magnétique doit être inférieur à 3 secondes et l'alimentation électrique des électro-aimants doit se faire uniquement en position basse.

Ce système permet de réduire d'environ 25% les distances d’arrêt jusqu’à 200 km/h.

Les matériels roulants équipés du frein électromagnétique qui agit par frottement de patins sur le rail portent l'inscription Mg dans la désignation du frein.

Inscription Mg

B] FONCTIONNEMENT


L'utilisation du FEM sur les lignes classiques est normalement autorisée par la réglementation. Par contre l'utilisation du FEM est interdite pour des vitesses supérieures à 220 km/h sur le réseau français.

L’effort de retenue de ce dispositif complémentaire de freinage est uniquement utilisé en freinage d’urgence.

Ce dispositif de freinage complémentaire entre en action lorsque les trois conditions ci-après sont réalisées simultanément. Lorsque la pression dans la conduite générale devient inférieure à 3 bars, lorsque la vitesse est supérieure à 50 km/h ou 15 km/h pour certains types de matériels roulants et lorsque les capacités de la réserve d'air des vérins sont suffisantes.

Les patins magnétiques se relèvent automatiquement lors de la réalimentation de la conduite générale à une pression supérieure à 3 bars ou lorsque la vitesse du train devient inférieure au seuil précisé dans le manuel technique du matériel roulant. En général, le seuil de vitesse est de 15 km/h.

Le seuil de vitesse permet d'éviter la dégradation de la voie et du rail. Il est admis d'utiliser le FEM jusqu'à l'arrêt seulement si l'effort de retenue est inférieur à 50% de la valeur nominale en dessous de 50 km/h.

Anecdote : J'ai pu tester les patins magnétiques sur une Zter lors d'une marche de perfectionnement à 200 km/h. L'arrêt total avait été obtenu en à peine 1200 mètres.
Il y a prescription, mais je me souviendrais toujours de cette phrase du cadre-traction. Vas-y, tu enfonces l'urgence, il n'y a pas d'aiguillage dans le secteur. Patatras, on sort de la courbe, des aiguilles IPCS !

Une lampe témoin permet un signalement au conducteur en cas d'avarie du système. Un robinet d'isolement permet de rendre inactif cet équipement complémentaire en cas d'avarie et sur prescription des documents techniques.

C] CONCLUSION


L'utilité de ce dispositif de freinage n'est plus à démontrer. Les distances de freinage sont réellement améliorées lors de son utilisation et même en cas de mauvaise adhérence du rail.

Les patins magnétiques ont aussi sauvé quelques arrêts commerciaux. Sans patins magnétiques, les clients sur le quai auraient vécu un sketch connu, le train passe, mais ne s'arrête pas !

Les termes sort les skis, sort les patins sont parfois utilisés par les conducteurs. Cela signifie, utiliser les patins magnétiques.

vendredi 8 février 2019

ERTMS - ETCS2. Chef, chef, on a un problème

(Article modifié le 09.04.2020)

Un peu d'humour et de réflexion à propos de l'ERTMS - ETCS niveau 2. À vous de chercher l'intrus sur le Driver Machine Interface (DMI) d'un TGV EuroDuplex - 2N2 !

Houston, we have a problem. Find the odd one out on the Driver Machine Interface (DMI) !

DMI d'un TGV 2N2 - EuroDuplex, ERTMS - ETCS Niveau 2
Vous avez trouvé la solution, toutes mes félicitations. You have figured out the failure, well done.

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Réponse:
Il est normalement impossible d'avoir une ponctuelle TVM "baissez-panto" (le gros carré sous l'indicateur de vitesse) lorsque vous êtes en ERTMS - ETCS Niveau 2.

mercredi 7 novembre 2018

Des crocodiles sur les voies ferrées françaises !

Cet article traite des crocodiles installés au sol sur les voies ferrées françaises. Vous ne verrez pas un crocodile avec de méchantes dents, mais plutôt une grosse pièce métallique !


A] UN PEU D'HISTOIRE

Plusieurs accidents graves dus à l'inobservation des signaux par le mécanicien ont obligé les ingénieurs à trouver des solutions pour améliorer la sécurité des circulations.

Différentes études et brevets ont été présentés à partir de 1850. Des tests ont démontré la mauvaise fiabilité des systèmes surtout à des vitesses supérieures à 100 km/h.

Le contact fixe (crocodile) a été imaginé en 1872 par M. Lartigue, chargé du service électrique sur le chemin de fer du Nord et M. Forest, sous-chef des études de la voie sur le chemin de fer du Nord. La répétition des signaux sur les locomotives à l'aide du crocodile a été inaugurée par le chemin de fer du Nord en 1875 et généralisée sur toutes les machines et toutes les doubles voies dès 1892. La Première Guerre mondiale a empêché un développement rapide de la répétition des signaux sur l'Est, le PLM et le PO.

Le système se composait d'un contact fixe placé sur la voie, d'un sifflet électro-automoteur et d'une brosse métallique placée sous la machine. Au début, on s'est demandé s'il ne serait pas meilleur d'obtenir que l'action du crocodile, au lieu d'agir sur un simple sifflet avertisseur, produise directement le déclenchement du frein automatique. Après un essai concluant, la compagnie du nord n'y donna pas suite parce qu'elle pensait qu'il n'était pas bon d'agir sur les freins en dehors de la volonté des mécaniciens.

Schéma d'installation du crocodile d'un signal (Lartigue-Forest) 
Sifflet électro-automoteur : Le sifflet est un appareil électro-automatique destiné à prévenir acoustiquement les mécaniciens qu'ils arrivent devant un disque tourné à l'arrêt.

Coupe du sifflet électro-moteur
Le sifflet électro-automoteur se faisait entendre dans la machine lorsque la brosse frottait le crocodile et que le disque était en position fermée. Le crocodile était installé à une distance de 200 mètres environ avant le signal. Par conséquent, même en cas de mauvaise météo, le mécanicien mis en éveil pouvait confirmer visuellement cet avertissement acoustique et effectuer un freinage.

Le mécanicien qui rencontrait un disque fermé devait se rendre immédiatement maître de la vitesse de son train, de manière à être en mesure de s'arrêter dans l'espace de voie qu'il apercevait libre devant lui.

Le contact fixe (crocodile) du Nord était placé sur les traverses entre les rails dans l'axe de la voie, mais il était possible de placer ce contact latéralement à une certaine hauteur au-dessus du sol. Dans ce cas, la brosse était installée sur le côté de la locomotive.

La fiabilité du système fut excellente dès le début selon le réseau du chemin de fer du Nord. En 1882, sur 548 crocodiles en service, on n'a signalé que dix ratés. Sur un million de passages, il n'y a eu que quatorze ratés provenant de la brosse, du tassement du crocodile ou d'un défaut de pile aux éléments Leclanché.

Mais l'expérience a démontré que les réseaux de chemin de fer avaient une tendance à raréfier les défaillances surtout pendant la saison froide. Afin d'améliorer le contact brosse / crocodile en saison froide, les inventeurs Colas et Beauvais avaient testé sur le réseau Est un crocodile à pétrolage automatique. Ce système permettait un écoulement d'une fine couche de pétrole sur la partie supérieure du crocodile afin d'éviter les gelées.

En 1920, le ministre des travaux publics Yves Le Trocquer a demandé aux compagnies ferroviaires par circulaires d'équiper leurs voies et leurs machines de la répétition des signaux à partir du 1er août 1922 à la suite de nombreux accidents et incidents. La situation sur le réseau de l'état était de 2913 appareils de voie installés au 31 décembre 1922. L'application générale des circulaires n'a été effective qu'à partir de 1925.

D'autres défaillances techniques avaient lieu comme des ruptures de fils électriques, des problèmes de batterie, etc. Afin de remédier aux anomalies et d'améliorer la sécurité, le crocodile contrôlé a été testé par la société Parisienne-Métrum vers 1938 sur le réseau des chemins de fer Alsace-Lorraine. L'objectif du système était de créer un contrôle automatique du fonctionnement de la répétition des signaux afin d'avertir le conducteur d'une défaillance du système de répétition.

Deux technologies de brosses de contact, la brosse à languettes et la brosse à poils ont cohabité jusqu'en 1938, année de la création de la SNCF. La SNCF décida de conserver la technologie de la brosse à languettes. La brosse à poils est encore utilisée sur différents réseaux étrangers.

B] LA RÉPÉTITION DES SIGNAUX DE NOS JOURS


B1] GÉNÉRALITÉS

Le contact fixe nommé plus familièrement crocodile est un des éléments de la répétition des signaux (RS). Le crocodile est une pièce métallique de forme allongée, installée sur des cales isolées et généralement fixées au sol dans l'axe de la voie et parallèlement aux rails. Sa longueur et son emplacement sont différents selon leurs utilisations. Les lames ondulées dans le sens de la longueur évitent une usure irrégulière de la brosse, initialement le patin était plein et non ondulé. À l'extrémité de chaque crocodile et dans le sens de la marche des trains se trouvent un bouclier et une pièce en bois appelée blochet. Cette pièce en bois est taillée en plan incliné. Le bouclier et le blochet sont destinés à protéger l'extrémité du crocodile qui pourrait être arraché par une circulation ferroviaire. Les blochets sont progressivement remplacés par un dispositif simplifié composé d'une plaque de plastique. Cette plaque de plastique est fixée sur le bouclier du crocodile.

Crocodile avec plaque plastique

Crocodile avec blochet
Pourquoi appelle-t-on cet appareil un crocodile ?
Les agents ferroviaires ont nommé cet appareil de voie crocodile à cause d'une petite ressemblance avec le dos de cet animal lorsqu'il nage à la surface de l'eau.

La répétition des signaux constitue une boucle de rattrapage afin d’attirer l’attention des conducteurs lors du franchissement de certains signaux fermés. Lors du franchissement d'un signal fermé, un signal sonore et lumineux a lieu en cabine de conduite qui doit être acquitté par le conducteur. Toutes les lignes sont normalement équipées de la RS. Le système provoque l'arrêt d'urgence en cas d'absence d'acquittement des signaux fermés dans un délai de 5 secondes environ. Les sections de ligne non équipées de la RS sont mentionnées dans la documentation des conducteurs.

Le crocodile peut aussi servir de point d'information du Dispositif Automatique d'Arrêt des Trains (DAAT) afin de prévenir le risque de nez à nez sur les lignes à une seule voie non électrifiées parcourues par des trains transportant des voyageurs ou des marchandises dangereuses. Sur ces lignes, toute circulation partant d’un établissement doit franchir un point d'information DAAT avant de s'engager sur la voie parcourue dans les deux sens de circulation. Des crocodiles peuvent être implantés en dehors de tout signal. Le passage sur un tel crocodile par un engin moteur non équipé du DAAT déclenche l'information "signal fermé" de la RS si le point d'information DAAT correspondant est activé.

B2] FONCTIONNEMENT ET LES ÉQUIPEMENTS SOL/BORD

La répétition des indications d’un signal ainsi qu'un point d'information DAAT est assuré par un circuit électrique établi par le frottement du crocodile par une brosse métallique fixée sous l’engin moteur. Le crocodile est mis en charge positivement ou négativement selon que le signal à répéter est fermé ou ouvert, ce qui transmet une information en cabine de conduite.

La brosse de contact est fixée dans l’axe longitudinal et sous l'engin moteur. La largeur minimale de contact doit être de 30 millimètres avec le crocodile dans les plus mauvaises conditions.

Brosse de contact à languettes
Des dispositions techniques sont prises pour que la répétition du signal ne soit assurée que pour un sens de circulation afin d'éviter entre autres des répétitions à revers sur les voies parcourues par des trains dans les 2 sens.

Le crocodile doit être installé le plus près possible du signal qu’il répète de telle sorte que son extrémité aval se situe à 19,50 mètres au moins en amont du joint bloqueur ou de la pédale de fermeture automatique.

La distance à observer entre deux crocodiles successifs doit être d’au moins 100 mètres afin de permettre au conducteur d'acquitter. Cette distance peut être réduite jusqu’à 50 mètres lorsque la vitesse maximale des trains est inférieure ou égale à 90 km/h. Lorsque la vitesse maximale à laquelle le premier crocodile peut être abordé est supérieure à 120 km/h, il faut augmenter cette distance pour laisser au conducteur une durée minimale de 5 secondes entre deux acquittements.

Les signaux munis de crocodiles ne doivent pas normalement être implantés dans des courbes de rayon inférieur à 250 mètres.

Sur les sections de ligne équipées de la RS, les signaux répétés sur les engins moteurs sont :
  • Les avertissements, feux jaunes clignotants, disques, ralentissements 30, ralentissements 60.
Si un des signaux cités ci-dessus est porté par un panneau, l’indication "signal fermé" se déclenche également lorsque le panneau présente l’indication Carré, Carré Violet, Sémaphore, Sémaphore clignotant, Feu blanc qui donne accès à une voie principale ou Feu blanc clignotant.
  • Les carrés et les sémaphores :
    • De BAPR,
    • Situés sur une Installation à Contre Sens (ICS) s'adressant aux trains circulant à contre sens,
    • portés par les panneaux de sortie de certaines gares de voie unique.
  • Le Tableaux Indicateur de Vitesse (TIV) à distance fixe ou mobile en forme de losange.
Le TIV à distance doit être équipé d'un crocodile lorsqu'il y a une différence de 40 km/h ou plus entre la vitesse maximale de la ligne réglementaire et le TIV. Tous les TIV à distance d’un taux inférieur à 140 km/h situés sur une section de ligne munie de la signalisation de pré-annonce doivent être équipés d'un crocodile.
  • Des crocodiles implantés avant des heurtoirs de voies en impasse.
EXCEPTIONS
J'ai volontairement omis de signaler une partie des exceptions pour plus de clarté dans la lecture de l'article.

  • Les rappels 30 ou 60 et les TIV de rappel ne sont pas répétés même en présence d'un crocodile. 
  • L’indication Vert clignotant n’est pas répétée par l’indication "signal fermé" puisque le KVB contrôle la vitesse.

B3] LES ÉQUIPEMENTS BORD

Les engins moteurs sont normalement équipés de la répétition optique. Ils comportent dans chaque cabine de conduite une lampe LS(SF), un bouton poussoir annulation LS(SF), un bouton poussoir d'acquittement BP(AC)SF et un signal sonore.

Les engins moteurs comportent au minimum un commutateur d'isolement plombé utilisable sur instruction de dépannage.

La mise en service de la répétition des signaux s’effectue lors du déverrouillage de la boite à leviers du poste de conduite qui alimente le tiroir BRS (Brosse de Répétition des Signaux). Cette mise en service provoque le clignotement de la lampe LS-SF.

L’appui sur le bouton-poussoir d'acquittement BP(AC)SF doit provoquer l’allumage au fixe de la lampe LS-SF lorsque celle-ci est éteinte où qu’elle clignote suite à la mise sous tension.

Le relâchement du bouton-poussoir d'acquittement BP(AC)SF provoque l’arrêt de la temporisation de 5 secondes environ pour la commande de la mise en action de la commande du freinage d’urgence et  l’allumage au fixe de la lampe LS(SF).

Toute défaillance du système doit entraîner un freinage d’urgence. Le déclenchement du freinage d'urgence par la répétition des signaux par brosse et crocodiles est réversible en règle générale.

Après un freinage d’urgence par la répétition des signaux, la remise en service de l'engin moteur ne peut avoir lieu que si le conducteur acquitte l'information signal fermé par l’appui sur BP(AC)SF ou par son isolement après dépannage.

L'origine d'une prise en charge peut être consécutive à un non-réarmement du dispositif de répétition des signaux par le conducteur ou par un dérangement  du système bord de l'engin moteur.

B4] FONCTIONNEMENT DE L'INFORMATION SIGNAL FERMÉ

Une tension positive appliquée sur le crocodile par rapport au rail génère dans la cabine de conduite une indication signal fermé lorsqu'un signal répété est franchi fermé et génère une information dans le système d'enregistrement intégré à la l'engin moteur. Le franchissement du crocodile se traduit par :
  • Le clignotement de la lampe signaux fermés LS(SF) et d'un bip sonore en répétition optique.
  • L'émission d'un signal sonore continue appuyée d’une lampe de mémorisation en répétition acoustique (ancien système).
Le conducteur doit acquitter par une action sur le bouton-poussoir d'acquittement BP(AC)SF, ce qui provoque :
  • L'allumage fixe de la lampe signaux fermés LS(SF) en répétition optique.
  • L'arrêt du signal sonore en répétition acoustique (ancien système).
Un freinage d'urgence est provoqué par l'automatisme lors d'un appui supérieur à 5 secondes environ sur le bouton-poussoir d'acquittement BP(AC)SF. L’appui sur le BP(AC)SF est enregistré donc le temps d’acquisition de l’appui sur BP(AC)SF pour le traitement de l’information doit être compatible avec le temps d’acquisition de l’enregistreur de l'engin moteur.

Le conducteur ne tient pas compte des indications données par le système de répétition des signaux au franchissement des signaux rencontrés à revers en double voie lors de mouvements à contre-voie et de mouvements à contre sens sur les VUT (Voie Unique Temporaire). Le conducteur doit tout de même acquitter en appuyant sur BP(AC)SF le dispositif de répétition des signaux pour éviter une prise en charge du système de répétition des signaux.

L’absence du bip sonore n'est pas considérée comme une anomalie en répétition optique.

B5] FONCTIONNEMENT DE L'INFORMATION SIGNAL OUVERT

Une tension négative appliquée sur le crocodile par rapport au rail génère lors de son franchissement  une information dans le système d'enregistrement intégré à la l'engin moteur.

Le système de répétition des signaux en cabine de conduite n'a aucune incidence lorsque le signal est ouvert sauf dans les cas suivants :
  • En répétition optique, il y a une extinction de la lampe de répétition des signaux fermés LS (SF) si elle était allumée.
  • En répétition acoustique, il y a une indication sonore brève signal ouvert.
Le conducteur peut éteindre la lampe de répétition des signaux fermés en appuyant sur un bouton-poussoir.

C] LE DISPOSITIF D'ARRÊT AUTOMATIQUE DES TRAINS (DAAT) ET LE CROCODILE

C1] GÉNÉRALITÉS

Les gares des lignes non électrifiées à voie unique équipées ou pas de signaux ou bien à une voie banalisée ainsi que les gares donnant accès à ces lignes parcourues par des trains de voyageurs ou transportant des matières dangereuses sont équipées du dispositif d'arrêt des trains appelé communément DAAT.

Le DAAT contrôle le franchissement du signal de sortie ou l'engagement de l'aiguille de sortie des gares de voie unique à signalisation simplifiée (VUSS).

Un point d'information est constitué d'un contact fixe (crocodile). En règle générale, ces points d'informations sont positionnés en amont du signal de sortie ou bien en dehors de tout signal. Quelques cas n’obéissent pas à cette règle générale.

Le point d'information est activé lorsque le cantonnement n'est pas satisfait. Dans ce cas, le crocodile est alimenté par un signal alternatif de fréquence 8500 Hz et émet l'indication signal fermé captée par la brosse sous l'engin moteur.

Le DAAT comprend sur les matériels équipés :
  • Un équipement assurant la fonction de détection de la fréquence 8500 Hz.
  • Un bouton-poussoir lumineux BP(FC)DAAT par pupitre de conduite.
  • Un commutateur rotatif d’isolement, un coupe-circuit de protection et un relais de commande de freinage d’urgence.

C2] LE FONCTIONNEMENT SOL/BORD

Que se passe-t-il en cabine de conduite lorsque l'engin moteur équipé du DAAT franchit un point d'information activé ? :
  • Le clignotement du bouton poussoir lumineux BP(FC)DAAT,
  • la mise à l'atmosphère de la conduite générale,
  • une indication signal fermé du dispositif de répétition des signaux,
  • l'ouverture du disjoncteur ou l'ouverture du relais traction ou l'arrêt moteur,
  • l'impossibilité de remettre l'engin en état de marche avant l'arrêt.
Que se passe-t-il en cabine de conduite lorsque l'engin moteur non équipé du DAAT ou avec le DAAT isolé franchit un point d'information activé ? :
  • Une indication signal fermé du dispositif de répétition des signaux.

D] CONCLUSION

La répétition des signaux constitue une boucle de rattrapage afin d’attirer l’attention des conducteurs lors du franchissement de certains signaux fermés. C'est un système de sécurité supplémentaire qui n'empêche pas de circuler en cas d'isolement, mais peu parfois amener des restrictions de circulation selon le type de train.

Hormis quelques réglages et modifications des fixations, la brosse de contact à cinq languettes d'une longueur de 29 centimètres n'avait peu évolué depuis 1938. Sa forme définitive a été décidée en 1960.

Des études sont en cours à la SNCF pour diminuer l'effort de la brosse sur le crocodile en diminuant  et assouplissant les languettes afin d'obtenir une usure moins rapide de la brosse de contact et du crocodile.

Actuellement le pas de maintenance des brosses de contact pour un train Transilien est de 36 jours. L'objectif est d'atteindre un pas de maintenance de 56 jours ce qui permettrait d'économiser 1,5 million d'euros par an pour Transilien.

vendredi 20 octobre 2017

Devenez incollable sur la boite d'essieu !

(article modifié le 14.07.2018)

Il est difficile d'expliquer la boite d'essieu sans s'exprimer sur l'essieu et les roues. En effet, le trio est indissociable et les ingénieurs de l'époque l'ont bien compris dès le début du chemin de fer. Avant de s'expliquer sur ces organes importants dans la bonne marche d'un convoi ferroviaire, j'ai décidé de commencer l'article avec un peu d'histoire ferroviaire.

1] UN PEU D'HISTOIRE

Dans un livre de 1787, Jean de Crèvecoeur frappé de voir des employés souffrirent à la tâche en poussant des charrettes extrêmement lourdes à essieux fixes proposent d'utiliser en France des charrettes à essieux tournants qui l'a pu voir en service aux États-Unis. L'essieu tournant réduit considérablement la résistance au roulage pour la même charge.

Au début du chemin de fer, les wagons sont des chariots dont les roues ont été adaptées pour circuler sur les voies ferrées. Ils sont constitués d’un châssis en bois surmonté de parois également en bois et reposant sans organes de suspension sur deux essieux en bois.
Les chariots employés sur les chemins de fer présentaient des formes très variées suivant les différentes marchandises qu'ils étaient destinés à transporter. Pendant longtemps, les chemins de fer ont utilisé que des roues en bois. Elles étaient aménagées d'un rebord destiné à guider la roue sur le rail sur un des côtés de la jante. Quant aux essieux, ils étaient en bois ou en fer forgé et fixés à demeure dans les moyeux. L'emploi de roues en bois présentait un inconvénient important, il était presque impossible de leur donner une forme parfaitement circulaire et il en résultait des mouvements verticaux qui consommait inutilement une partie de la force motrice. Afin de remédier aux inconvénients de la roue en bois, la roue en fonte a fait son apparition.
Il ​est assez difficile de préciser l'époque à laquelle ​l'usage de​s​ roues​ en fonte​ a vraiment débuté, mais dans un dictionnaire publié en 1754, ​on y trouve ​le dessin d'une roue en fonte employée pour les chariots qui transportaient des pierres d'une carrière ​en Angleterre​. La roue en fonte est citée dans l'ouvrage comme offrant un avantage incontestable par rapport aux roues en bois​. Toujours en Angleterre, ​il semblerait qu'en 1765 on employait généralement deux roues en fonte et deux en bois. Ces ​roues étaient ​équipées d'un frein manuel qui était actionné par une personne. ​Les sabots étaient formés de deux pièces de bois de hêtre ou de fer qui permettaient un effort de retenue destiné à modérer la vitesse dans ​les pentes.

Frein manuel
​L'emploi exclusif des roues en fonte a été longtemps combattu ​à cause d'un grand nombre ​de reproches comme l'usure rapide des roues. La roue en fonte n'a été​ ​admise qu'après l'acquisition d'une connaissance approfondie des propriétés du fer fondu​ par ​​William Losh et ​George Stephenson en utilisant la méthode de la "trempe en coquille" ou "case hardening" au début du 19e siècle​ et après l'introduction des rails plus larges​ sur lesquels les roues en bois n'étaient plus applicables​.

Trempe en coquille : opération qui consiste à couler la jante dans un moule cylindrique en fer froid. La fonte par le refroidissement subit qu'elle éprouve dans le moule acquiert une dureté et permet une résistance accrue à l'abrasion ainsi la roue ne peut plus être attaquée par les rails.
​L​es roues employées étaient à rayons en bois et ensuite en fer malléable après la découverte de la trempe en coquille avec un moyeu percé d'un trou destiné à recevoir l'essieu.

Roue en fer
Les roues trempées en coquille ne pouvaient s'appliquer avec succès aux chariots destinés à se déplacer rapidement, une matière moins cassante devait être utilisée pour les déplacements rapides. Les roues en fonte étaient garnies de jantes en fer forgé sur les machines de Killingworth et George Stephenson construisait également pour ses machines des roues en fonte ou en bois garnies de jantes en fer.

​Le procédé mis en place par ​William Losh et ​George Stephenson a amélioré nettement la durée de vie des roues et le procédé a permis d'obtenir des roues circulaires ce qui a diminué la résistance à l'avancement par l'irrégularité de la circonférence.

Les progrès de la métallurgie ont permis ensuite de construire des chariots plus perfectionnés et plus robustes.

​La maîtrise du fer fondu a débouché sur des essieux en fer aux extrémités carrés et ajustés au moyeu de la roue. Le chariot repose sur l'essieu par l'intermédiaire d'u​ne crapaudine toujours graissée ou huilée afin de diminuer le frottement dans laquelle l'essieu peut tourner librement​. Cette crapaudine est ​fixée au châssis du chariot et cette crapaudine joue entre autres le rôle d'intermédiaire entre le châssis et les roues pour produire l'entraînement des véhicules. Elles entourent complètement les fusées en leur transmettant la charge du véhicule et obligent les essieux à suivre le mouvement de translation du châssis. Les premières boites étaient un monobloc, mais l'usure rapide obligeait de démonter ​et de remplacer l'ensemble de la boite. C’était techniquement et économiquement non viable à long terme.

Boite d'essieu monobloc
Après l’échec des boites monobloc, il a été décidé d'inventer les boites à coussinets. Les crapaudines ou boîtes d'essieux ont été successivement construites en fer malléable, en cuivre et en fonte​. La fonte est apparue ​comme l'alliage le mieux adapté pour le corps des boîtes ​d'essieux.

​Malgré tous les ​systèmes imaginés à propos des crapaudines, des boites de roues, des boites de graissage ou des boites d'essieux, l'importante question du graissage du matériel était toujours l'objet d'une ​grande préoccupation dans tous les chemins de fer. Aucun des systèmes employés ne semblait satisfaire complètement à toutes les conditions souhaitées et imposées pour ces organes dont les principales préoccupations étaient la réduction du coefficient de frottement, la facilité de visite pour l'entretien, l'économie d'huile ou de graisse et l'étanchéité de la boite.
Il était d'usage pour la lubrification des fusées des voitures et des wagons d'utiliser de la graisse, de l'huile ou même ​​de l'eau savonneuse​ qui a été vite abandonnée dans les chemins de fer.​
Employée dès l'origine des boites, la graisse a conservé longtemps la préférence sur l'huile dans certains pays notamment en France et en Angleterre​.​ La compagnie PLM a adopté le graissage à l'huile des essieux des voitures et des wagons ​en 1871.
L'emploi de l'huile est préféré dans la plupart des chemins de fer​. Aux États-Unis, l'usage de l'huile était exclusif​. En Allemagne et en Autriche, les huiles végétales et minérales étaient employées depuis très longtemps​.

Ensuite le graissage à l'huile était d'un usage universel pour le matériel roulant. La pratique se divisait entre l'emploi de tampons graisseurs et de packing. Les deux méthodes paraissaient satisfaisantes à condition que l'on y prête l'attention voulue à la construction et à l'entretien.
L'emploi du packing a l'avantage d'être simple, mais les réseaux lui reprochent d'être d'un entretien assez coûteux et d'une efficacité insuffisante. Sur le Chicago North Western, le nombre des chauffages s'est élevé à 3 576 en 1937, soit un chauffage pour 240 000 km/wagon.

Packing
Dans les cas où le tampon graisseur est remplacé par du packing, celui-ci est contenu dans une sous-boîte de laquelle il déborde en embrassant la moitié inférieure de la fusée. Le packing se compose généralement de 40 % de laine, 40 % de coton, 20 % de crin.

La composition d'un packing 40/40/20 absorbe dans ces conditions environ 3,600 kg d'huile avant égouttage.

La laine a une bonne élasticité et la laine a une très bonne absorption de l'huile. Le coton a une mauvaise élasticité, mais le coton a une bonne absorption de l'huile. Le crin a une très bonne élasticité, mais le crin a une mauvaise absorption de l'huile.

Le packing impérativement sec est immergé dans l'huile chaude et égoutté pendant 24 heures avant d’être inséré dans la boite d'essieu.

2] L'ESSIEU

Les essieux sont les axes horizontaux sur lesquels porte la charge. Les essieux ont le double emploi de supporter l'engin moteur ou le véhicule et de réunir les roues, ce qui exige beaucoup de solidité. Les extrémités ​de l'essieu sont ​appelées "fusée"​. Les fusées selon le type d'essieu sont intérieures ou extérieures et la fusée reçoit la boite d'essieu.
L'ensemble roues/essieu est appelé "essieu monté".

Essieu monté

3] LA ROUE

3A] La roue à bandage
La roue à bandage est un système qui n'est plus utilisé sur le matériel ferroviaire moderne français. La roue à bandage était constituée d'un moyeu, d'une jante et du bandage lui-même constitué d'un boudin et d'une table de roulement. Le bandage était inséré sur la jante et bloqué par une agrafe et un talon.
Les roues à bandages ont été une source de problèmes et d'accidents dans les chemins de fer dès les origines de cette technique. L'accident récent le plus connu à cause d'une rupture du bandage est celui de l'ICE en 1998 en Allemagne.

Roue à bandage

3B] La roue monobloc
La roue monobloc est le système utilisé sur le matériel ferroviaire moderne français. Une roue monobloc est constituée d'un moyeu et d'une jante.
L'usinage est effectué dans la masse afin d'obtenir le profil d'une roue. On y retrouve un boudin, une table de roulement, une jante et un moyeu.

4]LA BOITE D'ESSIEU

4A] Généralités
Afin de comprendre la suite des explications, vous trouverez une définition rapide de la boite d'essieu et du coussinet.

La boite d'essieu :
La boite d’essieu permet la rotation de l’essieu qui supporte le poids de l'engin moteur ou du véhicule. La boite d'essieu permet la liaison entre l'ensemble roue-essieu et le châssis en transmettant l'effort de traction ou de freinage par l’intermédiaire de joues de guidage ou de biellettes de liaison. L'acier moulé est le métal le plus ordinairement employé pour les boites.

Le coussinet :
Le coussinet transmet la charge à la fusée et il permet la rotation de l'essieu. Le casse-tête de l’époque a été de trouver la bonne matière pour le coussinet et la bonne dimension afin d’éviter des usures prématurées. La matière utilisée a été le bois de bout (érable, charme, acajou, épine, etc.), le cuir, le laiton, le bronze, le bronze phosphoré.

Afin de faciliter le glissement de la fusée sur le coussinet, une couche de métal anti-friction appelée "régule" a été inventée. Les métaux blancs à base d'étain étaient fréquemment employés en Europe. En Amérique, les métaux à base de plomb étaient universellement employés.
Les métaux blancs sont doux et plastiques ce qui permettait de s'ajuster à la fusée et d'égaliser la pression sur toute la surface. Un métal dur, comme le laiton ou le bronze s’appuyait sur ses aspérités et sur lesquelles se concentraient toute la pression ce qui empêchait leurs lubrifications.

Le coefficient de frottement de tous les métaux blancs est plus élevé que celui des laitons et bronzes, plus durs. Le métal blanc n'a pas d'autre bonne propriété d'anti-friction que celle due à sa douceur. Un alliage à haute teneur en étain, durci par une addition de cuivre ou d'antimoine est un excellent métal et donne le degré désiré de dureté pour tous les coussinets.
Un métal à base de plomb, durci par une addition d'antimoine ou d'étain, ou des deux, ne peut pas être rendu aussi dur qu'un métal à base d'étain et, par conséquent, s'use plus rapidement.

À titre d'exemple, une boite d'essieu pouvait consommer jusqu'à 500 grammes de graisse tous les 25 kilomètres sans compter l'usure anormale de la fusée dans la première moitié du 19e siècle.

4B] L'évolution technique des boites d'essieux

Les premières boîtes d'essieux avaient une conception assez simple. On y retrouve trois principales pièces, dont le corps de la boite, le coussinet et le dessous de la boite.

Les boites à graisse
Avec la graisse, le réservoir est nécessairement placé au-dessus de la fusée, sur laquelle elle s'introduit par les trous ménagés dans le fond du réservoir et dans le coussinet, et par les rainures ou pattes d'araignée qui facilitent sa répartition.
Le dessous de la boite se situe sous la fusée et permet de récupérer la graisse fondue. La graisse était composée de suif, d'huile de palme, de savon de palme et parfois de l'eau.

Les boites à huile
Le mode de graissage à l'huile est plus compliqué que celui avec la graisse. Soit la boîte n'a qu'un seul réservoir de graissage inférieur soit elle en comporte deux, l'un supérieur et l'autre inférieur. Mais dans les deux cas, l'huile arrive par l'effet de la capillarité sur la fusée, soit au moyen de mèches faisant l'office de siphon, soit au moyen​ ​de brosses ou de tampons pressés contre la fusée, soit même au moyen de rouleaux baignant dans l'huile et tournant contre la fusée.
La compagnie de l'est utilise uniquement le graissage à l'huile de colza pure du système Basson modifié pour ses voitures voyageurs aux alentours de 1880 après avoir effectué de nombreux tests

Boite compagnie de l'est
Le fonctionnement de cette boite est le suivant, le tampon graisseur monté sur une carcasse en bois avec garniture en tôle est alimenté par des mèches en coton qui plongent dans l'huile et deux ressorts à boudins pressent constamment l'appareil contre la fusée. Enfin un godet latéral sur le dessous de boîte sert à l'introduction de l'huile dans le réservoir de graissage. Les coussinets de ces boites sont à surfaces intérieures unies, et le bronze est composé de 82% de cuivre pour 18 % d'étain.

Le système Basson, le système Delannoy, le système Dietz, le système Piret, le système Becker et le système Paget introduit en Europe vers 1844 sont en concurrence à l'international et chaque compagnie à sa préférence. Tous ces systèmes de boites à huiles ont leurs avantages et leurs inconvénients, mais ils ont la faculté d’améliorer l’étanchéité de la boite et la lubrification de la fusée. Le système Becker est mieux adapté pour les trains rapides et les autres systèmes sont adaptés aux trains plus lents.
Malgré tout il y a encore beaucoup d'incidents sur les boites puisque la qualité du coussinet, la qualité du tampon graisseur et la qualité des huiles minérales et végétales ne sont pas optimales.

Boite Paget
Boite à huile Dietz

Boite Delannoy
Les boites mixtes
Les boites dites à graissage mixte sont disposées pour fonctionner à l'huile et à la graisse. Elles sont composées d'un réservoir inférieur muni d'un tampon graisseur comme dans les boîtes à huile ordinaires et d'un réservoir supérieur rempli de graisse. Ce dernier réservoir est fermé par un bouchon en matière fusible composés de stéarine et de savon dur et ce bouchon fusible s'ouvre lorsque le point de fusion est atteint par un chauffage anormal de la fusée. Ce principe de double graissage qui est une variante du système Niessen a été introduit en France par M. Polonceau et ce principe a été utilisé par les compagnies d'Orleans, PLM, du Nord et du Midi vers 1880.

Boite compagnie d'Orléans
Les coussinets des boîtes mixtes étaient en bronze phosphuré. Cet alliage était composé de cuivre, de zinc, d'étain et d'une proportion variable de 1 à 3 millièmes de phosphore selon le degré de dureté que l'on désirait obtenir. L'emploi de ce bronze phosphoré s'étendait de plus en plus puisqu'il avait l'avantage d'être homogène, de s'user peu rapidement et enfin d'être d'un prix inférieur à celui du bronze classique.

Les boites à eau
Le mode de graissage mixte à eau et à graisse a été essayé par M. Hoek, en Belgique, au moyen d'une boîte dont le réservoir inférieur était rempli d'eau. Le réservoir supérieur contenait de la graisse, comme dans le système de graissage mixte. Les essais effectués avec les les boîtes de M. Piret et celles de M. Aërts n'ont pas donné de résultats satisfaisants. Plusieurs problèmes sont apparus, l'eau adhérait moins bien sur la fusée que la graisse, en hiver l'eau pouvait geler et les composants de la boîte s'oxydaient lorsque les véhicules ne circulaient pas.

Les ​boîtes à galets
​Dans le but d'arriver à diminuer l'importance du frottement ou glissement entre le coussinet et la fusée, les ingénieurs ont imaginé des boites à galets. Les ingénieurs voulaient essayer de substituer le frottement par un roulement entre le coussinet et la fusée. Dans leurs idées, il suffisait de transmettre la charge au moyen de rouleaux tournant sur des axes de petits diamètres situés au centre de la fusée ou bien au moyen de galets recevant la charge, non au centre, mais à la circonférence de la fusée.

La boite à galets inventée par M. Pomme était conçue de la manière suivante. Les galets étaient au nombre de deux. Leurs diamètres étaient de 16 centimètres, c'est-à-dire le double de celui de la fusée. Les axes en acier étaient de 3 centimètres de diamètre et ils tournaient dans des paliers dont était munie la boîte. Les galets tournant sur des essieux ont été appliqués à un certain nombre de voitures du chemin du Nord, mais cette disposition a été abandonnée à cause de l'usure rapide des fusées.
D'ailleurs, les boîtes à galets d'autres concepteurs ont été assez vite abandonnées à cause de leurs manques de fiabilités puisqu'elles ne supportaient pas les chocs et la vitesse.

Boite à galets de M. Pomme
Les boites à sphères / Coussinets à sphères
Les sphères sont une évolution des galets. L'objectif de diminution des frottements ou glissements et d'économie de graissage a été atteint grâce à des ingénieurs persévérants. C'est l’avènement du roulement à billes et la fin du glissement sur le coussinet. M. Virey obtint la médaille d'argent à l'exposition universelle de Metz en 1861 pour son coussinet à sphères.

Coussinet à sphères de M. Virey
Le coussinet à sphères de M. Virey consistait en un coussinet dans l'intérieur duquel avait été creusé une gorge ainsi que dans la fusée de l'essieu afin d’intégrer une couronne de sphères libres qui étaient simplement des billes d'acier. Cet invention paraissait remarquable puisque le gain à la résistance au frottement avait été estimé à 50% voire même 75% et pouvait être exempt de graissage. Les gains au frottement annoncés laissèrent de nombreux experts perplexes.

4C] Les boites d'essieux actuels
4C1] Boites à coussinets par lubrification mécanique ou par capillarité

A] Boite à palette puiseuse
Une palette puiseuse solidaire de la tête de fusée entraîne l'huile vers le haut de la boite. Cette huile est recueillie dans un collecteur et l'huile coule via des orifices réalisés dans le coussinet pour permettre une lubrification homogène de la fusée.

Boite à palettes puiseuses
B] Boite à tampon graisseur
Un tampon graisseur est constitué par des mèches de laine fixées sur un châssis logé dans la partie basse de la boite d'essieu. Un ressort comprime le tampon graisseur sur la partie inférieure de la fusée et les mèches de laine trempent dans l'huile et lubrifient la fusée par capillarité.

Boite à tampon graisseur
4C2] Boites à rouleaux
Les boites à rouleaux ne possèdent pas de coussinet. Le coussinet est remplacé par des roulements à rouleaux coniques ou cylindriques dont la bague intérieure est insérée sur la fusée. L'ensemble est prélubrifié et inclut un système d’étanchéité de chaque côté par des joints, d'une cage en polymère, laiton ou acier, de plusieurs corps roulants et d'une bague intérieure et extérieure.
Les boites à rouleaux sont d'une grande fiabilité grâce à une excellente étanchéité et grâce à la réduction du frottement, de l’échauffement et cela a permis de réduire considérablement la maintenance des boites d'essieux et le coût de la lubrification.

Boite à rouleaux
Des capteurs sont installés dans les boites d'essieux pour détecter et surveiller des échauffements anormaux sur certains matériels ferroviaires.

Quels sont les risques d'un échauffement anormal ?
Il peut y avoir une destruction de la boite d'essieu provoquant la rupture de la fusée. La rupture d'une fusée d'essieu peut amener à une catastrophe comme un déraillement.


Comment détecter un échauffement anormal ?
En plus de capteurs installés dans les boites d'essieux sur certains matériels ferroviaires, les voies ferrées sont équipées de Détecteurs de Boîtes Chaudes (DBC). Le DBC contrôle la température de toutes les boîtes d’essieux du train lors de son passage et il envoie les informations aux personnels de la gestion du trafic de la ligne concernée. Des procédures de sécurité sont mises en place pour faire ralentir (alarme simple) ou arrêter (alarme danger) le train en cas de détection d'un échauffement anormal.

IMPLANTATION DES DBC EN FONCTION DE LA VITESSE :
  • Vitesse ≤ 160 km/h. Distance moyenne en deux détecteurs, 65 kilomètres avec une distance maximale de 150 kilomètres.
  • Vitesse > 160 km/h. Distance moyenne en deux détecteurs, 60 kilomètres avec une distance maximale de 80 kilomètres.
  • Vitesse > 220 km/h et ≤ 320 km/h. Distance moyenne en deux détecteurs, 30 kilomètres avec une distance maximale de 45 kilomètres.
Les engins moteurs équipés de capteurs dans les boites d'essieux permettent d'alerter le conducteur en cas d'élévation anormale de la température des boites d'essieux en constatant l'allumage d'un voyant rouge fixe en cabine de conduite qui oblige un arrêt immédiat.
Dorénavant, il y a trois niveaux de détection sur le matériel récent comme sur les TGV 2N2 afin d’éviter l’arrêt immédiat de la circulation.

Le conducteur doit vérifier la température des boites d'essieux de son engin moteur soit lors d'un arrêt prolongé, c'est une visite sommaire soit lors d'une visite à l'arrivée (VAR). Le contrôle s'effectue en approchant le dos de la main sur la boite d'essieu. Le dos de la main est plus sensible à la chaleur que la paume de la main. Cela peut paraître archaïque, mais c'est efficace. En cas d'échauffement anormal, on ressentira des picotements sur la main (~ 50°C) ou bien il sera difficile d'approcher la main (> à 60°C) sur la boite d'essieu au risque de brûlures graves.

CONCLUSION

Le concept de l'ensemble roue/fusée/boite est le même depuis le début du chemin de fer, mais les évolutions technologiques n'ont fait qu’améliorer le roulage, la lubrification, l'usure donc la sécurité et la fiabilité des circulations. L'arrivée des roulements à rouleaux ont permis un bond technique grâce au "tout en un" et continue d'évoluer grâce aux retours d'expériences et tests en laboratoire.

La boite d'essieu est un élément très important dans la chaîne de sécurité. Le démontage d'une boite d'essieu par le service de maintenance n'est pas un acte technique anodin et comme les engins sont de plus en plus sollicités (vitesse, kilomètres, etc.) chaque jour, la fiabilité est indispensable.

Définition du dictionnaire de 1755 :
CRAPAUDINE : Morceau de fer ou de bronze creusé, qui-recevant le pivot d'une porte, ou de l'arbre de quelque machine, la fait tourner verticalement. On s'en sert particulièrement dans les écluses. Elle est composée de deux pièces, dont l'une se nomme Crapaudine femelle, qui est une espèce de cône tronqué creux comme une écuelle, à deux ou trois oreilles qui servent à l'empêcher de tourner quand elle est une fois logée. L'autre se nomme Crapaudine mâle, qui s'encastre à l'extrémité des montants de repos des grandes portes, & tourne dans la Crapaudine femelle.

ESSIEU : Axe de la voiture, dont les deux extrémités passent dans les moyeux des roues. On en fait en fer et en bois.

ESSIEU : Par ce terme on entend aussi généralement une pièce de bois de charronnage qu'on débite et qu'on emploie en grume. Ces pièces sont en orme et quelquefois en charme. On les appelle aussi aissieux, mais ce mot est vieilli.